Les sciences sociales essayent de déchiffrer la place occupée par la figure de l’ennemi dans nos sociétés contemporaines. Assiste-t-on à un processus d’ “ennemisation” ? Y a-t-il davantage de difficultés aujourd’hui à définir et à nommer ses ennemis ?
Avec
- Alexandre Rios-Bordes, maître de conférences en histoire à l’Université Paris Diderot – Paris 7
- Christian Olsson, docteur en Science politique de l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Paris, Maître de conférence en Relations Internationales à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) affilié au REPI, rédacteur associé de la revue Cultures & Conflits.
“Les phénomènes d’”ennemisation” que nous observons dans l’Histoire sont toujours des phénomènes arrimés à des fractures internes aux sociétés. L’une des modalités est que ces fractures internes soient activées, en quelque sorte par des conflits extérieurs, de manière plus ou moins directe” analyse Alexandre Rios Bordes. “C’est toujours à partir des clivages sociaux, des déficits d’intégration des sociétés, des injustices qui sont faites à des groupes et ressenties par des groupes, que peuvent s’activer des phénomènes d’”ennemisation”. Tout conflit extérieur ne mène pas, d’évidence, à des répercussions intérieures et donc à l’activation de processus de conflictualité”.