Dans un contexte de démocratisation d’accès aux outils de l’intelligence artificielle et aux archives en ligne, deux chercheurs s’interrogent sur le destin des photographies historiques numérisées et notre rapport aux images du passé.
Dès sa naissance, la photographie, véritable “miroir qui se souvient” (“mirror with a memory”) selon l’essayiste états-unien Oliver Wendell, bouleverse notre rapport à l’histoire. Elle modifie les contours de la mémoire et donne un visage aux anonymes qui jusqu’ici n’étaient pas nommés par l’histoire textuelle. Cet instrument de domination impériale et raciale permet de laisser trace des violences de masse dont sont victimes des millions de personnes. Le numérique représente aujourd’hui une nouvelle rupture dans l’histoire de l’information visuelle et du rapport au passé. Les traces photographiques de “passés contestés” peuvent désormais se partager et se commenter sur les réseaux sociaux et sites amateurs. Les photographies historiques appartiennent à toutes et tous, et plus seulement au monde académique.