Marine Soubeille est MCF en Études Filmiques du Département Études Anglophones de l’Université Paris Cité et membre du laboratoire ECHELLES.

Quel est ton parcours ?

J’ai d’abord intégré une prépa lettres (hypokhâgne/khâgne) à Toulouse dont j’ai suivi les enseignements pendant trois ans, ce qui m’a permis de m’inscrire directement en Master Études Anglophones à l’Université Paris Diderot (maintenant Paris Cité) dans le parcours Arts et Culture Visuelle. J’ai ensuite passé l’agrégation d’Anglais en 2018 et commencé une thèse en Arts Visuels à Montpellier. Ayant enseigné l’Anglais au collège, au lycée, en BTS puis à l’Université de Lorraine, j’ai finalement soutenu de ma thèse en Novembre 2024. L’année suivante, j’ai été recrutée par l’université Paris Cité où je suis actuellement Maîtresse de Conférences en Études Filmiques au sein de l’UFR Études Anglophones et de l’UMR ECHELLES.

Sur quoi porte ton travail de thèse ?

Mon travail de thèse porte sur les représentations du Texas à l’écran, c’est-à-dire dans les films et les séries télévisées dont l’intrigue se déroule sur ce territoire. Dans la lignée des cultural studies et à la croisée entre les méthodologies d’études filmiques et de civilisation américaine, l’un des enjeux de ce sujet était d’analyser la construction visuelle d’un territoire immense et complexe situé, géographiquement mais aussi idéologiquement, à la croisée des chemins entre l’Ouest états-unien et son récit de progrès national, le Sud du pays (territoire associé à l’esclavage, à la ségrégation et au conservatisme politique) et le Mexique, dont l’influence culturelle se ressent jusque dans les régions centrales de l’Etat.
Le second était de comprendre dans quelle mesure ces représentations populaires du Texas participent à la construction d’un mythe national à l’échelle d’un Etat – celui d’une identité imaginée – au même titre que l’histoire écrite par les historien.ne.s ou dans les manuels scolaires, se livrant à une joute d’influence dans les guerres culturelles qui secouent les Etats-Unis contemporains et tentant de redéfinir en des termes politiques et idéologiques ce que signifie être Texan aujourd’hui.

Quels sont tes projets de recherche, qu’est-ce que tu aimerais développer avec ECHELLES ?

Suite à ces recherches, il me paraît nécessaire de poursuivre la réflexion entreprise sur la construction de l’identité par le cinéma et les séries par une enquête de terrain qui viendrait confirmer les hypothèses établies à partir du corpus filmique de la thèse, et qui donnerait lieu, à terme, à la réalisation d’un film documentaire construit de l’assemblage de ces témoignages.
Ce projet s’inscrit également dans le cadre d’une réflexion plus globale sur la place prépondérante des images dans l’apprentissage et la perception de l’histoire – que ce soit dans les musées, lieux de mémoire ou à l’école – qui permettent de donner vie au passé de manière édifiante tout en usant de biais narratifs, historiographiques et graphiques/visuels qui les éloignent souvent des exigences de véracité historique pour retisser des mythes nationaux auxquels nous rattacher.